Le document rendu public hier par le Secrétariat du Conseil du trésor correspond au dépôt effectué à la table de négociation le 25 mars dernier.
Vous trouverez, dans ce document, l’extrait qui confirme le contenu des reportages récents qui faisaient état de la volonté du gouvernement de retirer les médecins de famille à certains patients pour les attribuer à d’autres patients jugés plus vulnérables selon des codes de couleur déterminés par le ministère de la Santé.
La FMOQ réitère qu’elle juge inacceptable — et donc non négociable — la désinscription de patients de leur médecin de famille sur la seule base de leur prétendue absence de vulnérabilité évaluée selon des critères administratifs, et ce, sans égard au jugement clinique du médecin. Il serait dangereux de réduire l’expertise médicale à celle d’une simple « équipe de soins », sans reconnaissance du rôle pivot du médecin de famille dans l’évaluation et le suivi de ses patients.
Des négociations sans garde-fou
Dans le contexte actuel, nous estimons donc nécessaire de communiquer notre position à nos membres, à la population et à nos patients.
Contrairement à ce qui existe ailleurs au Canada, les médecins de famille du Québec n’ont accès à aucun mécanisme d’arbitrage ou de conciliation pour dénouer les impasses et éviter le prolongement stérile des conflits de travail. Le refus répété du gouvernement du Québec de faire appel à un arbitre ou à un conciliateur pour départager les demandes des parties, recours prévu dans la Loi canadienne sur les soins de santé, ne fait qu’allonger les délais et envenimer les débats, sans améliorer les services médicaux auxquels la population a droit. Le gouvernement laisse l’impression à la FMOQ qu’il préfère créer et alimenter un climat de confrontation avec les médecins de famille plutôt que discuter d’avenues et de solutions concrètes pour un meilleur accès aux soins de santé.
Nous souhaitons en arriver à une entente. Et si nous ne pouvons y parvenir dans le cadre des négociations actuelles, la FMOQ réitère alors la nécessité de recourir à l’arbitrage.
Autrement, ce sont les patients qui en feront les frais.
La performance quand les conditions le permettent
Nous sommes ouverts à la définition d’indicateurs de performance dans le système de santé. Toutefois, ces indicateurs doivent refléter la réalité du terrain.
Par exemple, un médecin de famille qui prescrit une IRM à un patient souffrant d’une douleur persistante au genou ne peut être tenu responsable du délai déraisonnable d’accès à cet examen obligeant le patient à revenir le consulter entre temps pour le soulagement ponctuel de sa douleur. Dans la même veine, le médecin de famille ne peut pas non plus être tenu responsable d’un délai de consultation trop long en orthopédie. Ces situations ne relèvent pas d’un manque d’efficacité du médecin de famille. Elles relèvent de lacunes du système.
Il est donc impératif qu’on se donne collectivement les moyens d’atteindre nos cibles au lieu d’évoquer une prétendue sous-performance des médecins de famille, et de brandir l’épouvantail d’une baisse de rémunération conséquente, sans jamais tenir compte des autres facteurs en présence.
La rémunération des médecins de famille au Québec inclut déjà plusieurs mécanismes liés à leur performance. Ce n’est donc pas un principe si nouveau qui est présenté ici.
Le vrai problème : la pénurie de médecins de famille
Enfin, ce dépôt rendu public hier par le gouvernement ne tient pas compte de la pénurie de près de 2000 médecins de famille au Québec ni du fait que 22 % des médecins de famille ont en ce moment plus de 60 ans. Depuis le début de son mandat, le gouvernement de la CAQ ne propose aucune mesure structurante pour remédier à cette pénurie. Néanmoins, la solution ne passe certainement pas par une simple réattribution administrative des patients ni par un accroissement de la tâche des médecins de famille en pratique alors qu’ils sont déjà surchargés.
En ce moment, le gouvernement souhaite à la fois favoriser la prise en charge en première ligne et maintenir les médecins de famille dans des tâches hospitalières en deuxième ligne. Dans un contexte de pénurie de médecins de famille, il est essentiel que le gouvernement soit cohérent dans ses attentes envers eux et dans l’organisation de la première ligne et du reste du réseau de la santé et des services sociaux. Cette pénurie ne doit pas être une excuse pour adopter de mauvaises solutions et faire de mauvais choix de société.
Dans un contexte où le dialogue est bloqué et où les mécanismes de règlement des différends sont indisponibles parce que le gouvernement refuse de les mettre en application, nous n’avons pas d’autre choix que d’interpeler la population. Parce que c’est elle qui, ultimement, subira les conséquences de ces réformes improvisées et contre-productives.
En fait, elle les subit déjà.
Pour cette raison, la FMOQ ne peut accepter une telle approche en matière de santé.
Consulter le dépôt gouvernemental
Si vous souhaitez réagir au document rendu public hier par le gouvernement, n’hésitez pas à nous écrire à communications@fmoq.org.