À propos d'une certaine étude sur les IPS où il est question de « surveillance médicale »

Une réplique s'imposait hier après la publication par les médias de l'étude de l'IRIS, certains appuyant et extrapolant les conclusions de cette organisation sur la « surveillance médicale » des IPS, sans se questionner quant à la validité de ces dernières. 

Voici l'article paru le 25 avril à 16 h 40 sur le site du Journal de Montréal et dans l'édition du 26 avril :

Un demi-milliard sur 10 ans pour superviser les infirmières: un « raccourci intellectuel » dit la FMOQ, Agence QMI, Le Journal de Montréal

Voici ce que nous avons publié sur Facebook, le 25 avril en fin de journée :

(Au moment d'écrire ces lignes, la publication avait atteint plus de 26 436 personnes, suscité 9899 interactions, 73 commentaires et 226 partages sur notre page Facebook, et ce n'est qu'un début !) 

Saviez-vous qu'aucun médecin de famille au Québec n’est rémunéré 30 000 $ ni 60 000 $ pour travailler avec une IPS ?

Aujourd'hui, l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS), un organisme prônant des politiques généralement très à gauche et adepte d’un discours antiprofession médicale, a rendu publique une supposée « étude» de quelques pages au sujet des infirmières praticiennes spécialisées (IPS). Pourtant, dans les entrevues découlant de la campagne de relations publiques qui accompagne la diffusion de la supposée « étude », l’IRIS ne parle pratiquement que des… médecins ! Le tout évidemment, parsemé d’inexactitudes, d’incompréhension totale à l’égard des ententes existantes régissant la rémunération des médecins, ainsi que de la réalité associée au fonctionnement des cliniques médicales et de l'offre de soins qui en découle.

Par souci de transparence et de vérité, voici donc quelques précisions :

- Aucun médecin de famille au Québec n’est rémunéré 30 000 $ ou 60 000 $ pour travailler avec une IPS, comme certains tentent malheureusement de le laisser croire, aucun ! La seule rémunération accessible pour les médecins omnipraticiens pour la collaboration interprofessionnelle avec les IPS est liée à une enveloppe annuelle unique de 30 000 $ pour un groupe de médecins (entre 6 et 30 médecins potentiellement regroupés dans un GMF) pour des discussions de cas (patients). On parle donc d’une rémunération probable de quelques centaines ou de quelques milliers de dollars pour un médecin, maximum ! Aucun médecin ne fait fortune avec cette rémunération forfaitaire. L’IPS est rémunérée quand elle échange avec le médecin au sujet de dossiers de patients, le psychiatre est rémunéré quand il discute de dossiers de patients avec le médecin de famille traitant, alors selon quelle logique le seul qui ne devrait pas être rémunéré dans de telles circonstances serait le médecin de famille ? 

- Une autre enveloppe unique de 30 000 $ par IPS est effectivement dévolue à un groupe de médecins (GMF) pour payer les coûts logistiques associés à la présence de l’IPS dans la clinique. Cette enveloppe sert notamment à défrayer principalement les coûts suivants : location de bureau, rémunération du personnel de soutien dont une secrétaire, et équipements médicaux et de télécommunications (informatique, téléphonie). On parle donc d’une compensation financière pour couvrir des frais que les médecins doivent assumer et non d’une quelconque rémunération. D’ailleurs, lorsque les IPS travaillent en établissement ou en CLSC, le gouvernement doit assumer lui-même ces coûts (loyer, secrétaire, équipement médical et informatique), il n’y a donc aucune dépense supplémentaire pour l’État à ce niveau ! Sauf qu’évidemment, surprise, la « supposée étude » de l’IRIS fait abstraction de ces coûts que le gouvernement doit aussi assumer pour les IPS oeuvrant en établissement…

- L’IRIS tombe dans la propagande vulgaire en mélangeant rémunération médicale et remboursement de dépenses pour l’installation en pratique des IPS, en extrapolant sur de la rémunération encore virtuelle et surtout, en additionnant des montants hypothétiques sur une dizaine d’années, pour en arriver à des conclusions sensationnalistes ! C’est là que la supposée «étude» prend davantage la forme d’un pamphlet de propagande à nos yeux malheureusement.

En terminant, la FMOQ a eu l’occasion à de nombreuses reprises de réitérer l’importance de la collaboration interprofessionnelle, notamment entre médecins et infirmières. Le Dr Godin en a même fait le sujet de son éditorial de février dernier dans la revue Le Médecin du Québec